Une porte de ville cachée au cœur d’Antibes

Jusqu’en 1895, Antibes était entièrement entourée d’une énorme ceinture de remparts et bastions, construits aux 16e et 17e siècles lorsque la ville était proche de la frontière du Duché de Savoie, devenu par la suite le Royaume de Piémont-Sardaigne.

Mais après le rattachement du comté de Nice à la France en 1860, la ville a perdu son rôle de plate-forte royale, la frontière française étant déplacée bien plus à l’est.

Les fortifications étant déclassées, la Municipalité décida de les démolir, à l’exception des remparts sur le front de mer, du bastion St-André, et d’une porte de ville.

Vous ne l’avez certainement jamais vue ! Elle est bien cachée !

Cette porte, construite à la fin du 17e siècle, fut non seulement conservée lors de la démolition des remparts mais transformée en résidence privée. Le propriétaire fit reproduire le fronton de la porte de l’autre côté du bâtiment, car la porte originale devait être masquée par les immeubles construits sur la Place de Gaulle au début du siècle dernier. .

La copie du fronton de la Porte de France, côté Place Guynemer, avec la reconstitution du blason royal.

Sur la copie du fronton que l’on peut voir  côté Place Guynemer, le blason royal fleurdelysé a été reproduit, tandis que dans le fronton original, côté Place de Gaulle, que l’on ne peut pas voir, ce blason avait été martelé à la Révolution. Le fronton d’origine est classé, et la porte de ville présente encore les ouvertures prévues pour les bras du pont-levis : un voyage dans le temps, 235 ans en arrière !

Les frontons comportent des armes (lances, épées), notamment des boucliers, ornés d’une représentation d’Apollon et du Roi Soleil, ainsi que des tambours et des drapeaux.

Le blason royal du fronton de la Porte de France fut martelé pendant la Révolution française.

La Municipalité a acheté le bâtiment pour y créer un jour (enfin) le musée de l’histoire d’Antibes.

Ce vestige des fortifications d’Antibes, futur lieu du musée d’histoire de la ville, avant le début des travaux…

L’ancienne porte de France donnait sur la campagne antiboise, urbanisée après la démolition des remparts, avec ici la Place Général de Gaulle au centre d’Antibes.

Le pont à arches qui menait autrefois jusqu’au pont-levis de la Porte de France, enseveli lors de la construction des immeubles bordant l’actuelle Place Général de Gaulle.

À Paris, au musée des plans-reliefs (Hôtel National des Invalides), on peut voir le plan-relief d’Antibes, à l’échelle 1/600, réalisé en 1754 sous la direction de l’ingénieur Nicolas de Nézot, en bois, papier, soie, métal, et peinture (3,77 x 3,55 m).

Plan-relief d’Antibes, 1754, Musée National des Invalides, Paris.

Les plans-reliefs, c’est un peu la 3D de l’époque ! C’est surtout Louis XIV qui avait demandé à voir ainsi les principales places-fortes de son royaume. C’est sous son règne que la défense des frontières françaises a été organisée.

Ces maquettes furent conçues comme des instruments de travail à usage stratégique. Contrairement à la cartographie classique, elles offraient une vision complète et immédiate des lieux, permettant d’appréhender les défauts et faiblesses des fortifications, de programmer les améliorations à y apporter et de préparer les opérations de siège.

La flèche sur le plan-relief d’Antibes montre la Porte de France …

La réalisation de ces plans en 3D  a continué sous Louis XV (dont celui d’Antibes), jusqu’au 19e siècle. Elle fut abandonnée seulement vers 1870, lorsque l’on cessa de construire des fortifications bastionnées dans notre pays.


Précédent
Précédent

Sara Murphy

Suivant
Suivant

Des bulles pendant le Festival International du Film de Cannes