La Villa Cavrois

Un paquebot sur les hauteurs de Roubaix…

Un chef d’œuvre de l’architecture du 20eme siècle que je souhaitais voir depuis longtemps. 

Paul Cavrois, industriel textile du Nord, a fait construire sa maison entre 1929 et 1932 pour y résider avec sa famille nombreuse et son personnel de service, à   Croix dans la banlieue lilloise. A l’époque une maison d’avant-garde, d’un luxe inouï dans une France en pleine crise économique, un OVNI !

L’architecte est Robert Mallet-Stevens, par ailleurs auteur de décors de cinéma (une vingtaine de films, dont “Le Vertige“ de Marcel L’Herbier - 1936), et de toute une rue dans le 16eme arrondissement de Paris, bordée d’hôtels particuliers, d’ateliers d’artistes et de sa propre résidence (1927). Il a aussi construit l‘avant-gardiste  Villa Noailles à Hyères  (1933), pour le couple mondain phare de l’époque, Marie-Laure et Charles de Noailles, grands collectionneurs, en particulier des Surréalistes.

Abandonnée, dépecée et vandalisée, la villa Cavrois a été rachetée par l‘État en 2001 et ouverte à la visite en 2015 après une restauration incroyable de 12 ans (23 M€), dont le but était de lui redonner son aspect de 1932, année de son inauguration. 

Une pièce a été laissée en l’état pour que le visiteur réalise l’état de dégradation dans lequel était la villa avant reconstitution.

Au sous-sol, l’ancienne cave à vin est transformée en matériauthèque : on y conserve des matériaux d’origine récupérés dans les ruines de la villa et qui ont servi de référence pour recréer tout l’intérieur.

La couleur jaune safran du parement de briques, et les volumes horizontaux peuvent faire penser à l’architecture de Frank Lloyd Wright.

A l’intérieur, la lumière artificielle diffusée à travers les deux boîtes à lumière en verre dépoli et acier a certainement dû étonner les visiteurs de 1932.  Quel contraste avec les maisons du voisinage, à l’époque !

Patiemment, le décor intérieur a été reconstitué. Des meubles de Mallet-Stevens créés pour cette villa ont été rachetés dans des ventes aux enchères et ont retrouvé leur emplacement d’origine.

L’escalier intérieur, monumental, avec vue sur le parc de la Villa Cavrois :

A l’étage, l’immense salle de bains des parents a été reconstituée :

Jeux d’ombre et de lumière sur les briques jaunes du toit-terrasse

Le miroir d’eau devant la villa évoque peut-être la piste d’un aéroport, tout comme la tour, qui peut faire penser à une tour de contrôle…

Le résultat est superbe ! Une œuvre d’art totale de 1.840 m2 habitables, entre architecture, décor, mobilier et parc.

Crédit Photos : P. Borsarelli.


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