Cezanne 2025 (3/3)
L’Atelier des Lauves
L’Atelier des Lauves est le dernier site de création du peintre, de 1901 à 1906. Il était fermé depuis des années et a rouvert au public le 28 juin dernier. C’est le peintre lui-même qui a conçu les plans de cette maison, dont l’atelier de 50 m2 situé à l’étage, après la vente de la bastide du Jas de Bouffan.
On accède à l’atelier par un nid d’oseille inversé ! Le jardin comporte des arbres que Cezanne a connus !
La façade de l’atelier comporte une grande fente que Cezanne avait fait percer pour y passer ses plus grandes toiles !
La passerelle d’accès à l’atelier, en osier, depuis l’atelier de Cezanne.
Ci-dessous : ce “passe-tableau” à gauche de la verrière, à gauche, et à l’intérieur de l’atelier, à droite :
On retrouve le Jardinier Vallier, qui a patiemment posé pendant de longues heures pour le dernier portrait que Cezanne a peint avant de disparaître, et le dernier tableau dans le parcours de l’exposition du Musée Granet…
Voici l’atelier en entier… et sa grande verrière orientée au nord…
Ci-dessous, un tableau de l’exposition du Musée Granet : L’Amour en plâtre (1894-1895), prêté par le Musée National de Stockholm, et à l’atelier, le putto de plâtre que Cezanne a représenté plusieurs fois. Ce moulage en plâtre serait l’œuvre du Belge François Duquesnoy, fils de l’auteur du Manneken-Pis à Bruxelles…
Dans ce tableau présent à l’exposition (collection particulière), on reconnaît sur la photo ci-dessus le pot à gingembre posé sur la commode à gauche de l’angelot.
Dans les natures mortes exposées au Musée Granet, Cezanne a multiplié les points de vue. Ainsi, un pot à olives est représenté à la fois vu de profil et vu de haut ! On sait qu’il utilisait des pièces de monnaie, afin d’incliner ou rehausser certains objets. Cette démultiplication ouvre la voie au Cubisme, dont Braque et Picasso vont faire un mouvement d’avant-garde…
Dans l’atelier, des crânes, qui évoquent la fragilité de la vie humaine.
Après avoir vendu la propriété du Jas de Bouffan en 1899 (il était en indivision avec ses deux sœurs), c’est dans cet atelier que Cezanne a placé des objets provenant de l’ancienne propriété familiale, en particulier ceux qu’il représente dans ses natures mortes, comme l’angelot blanc, des jarres, des pots, des bouteilles, …
Il est l’un des rares ateliers de peintres, tout au plus une dizaine en France, qui nous soient parvenus, comme celui d’Eugène Delacroix, celui de Maurice Utrillo et Suzanne Valadon à Paris, celui d’Auguste Renoir à Cagnes, ou bien encore celui de Pompeo Mariani à Bordighera.
Paul Cezanne dans l’atelier des Lauves en 1905, devant ses grandes baigneuses. Ci-dessous, le mannequin articulé féminin qu’il a utilisé pour peindre ses baigneuses…
Le point de vue du guide-conférencier : Quelle belle mise en valeur des objets personnels du peintre, dans cet atelier où il a peint ses derniers chefs-d’œuvre, aujourd’hui dispersés dans le monde entier ! Être dans l’intimité du maître un siècle plus tard, tant d’émotions !
Ci-dessous, une immense échelle à ramasser les olives ! La propriété était complantée d’oliviers, jusqu’au gel de 1956. Cette échelle fut utilisée par les peintres auxquels Cezanne demanda de peindre les hauts murs de l’atelier en gris, et par lui-même pour regarder ses grandes toiles en prenant de la hauteur…
En 2026, au rez-de-jardin, le salon, la cuisine et la salle à manger proposeront un œil nouveau sur d’autres objets (dont son chapeau melon et des nœuds papillon) et correspondances de Paul Cezanne.
Une dernière anecdote pour conclure cette visite à Aix-en-Provence sur les pas de Cezanne :
Cezanne écrivait toujours son nom sans accent… Les descendants du peintre souhaitent voir rétablir l’orthographe originelle de leur nom suite à des recherches généalogiques.
Ma photo préférée de Paul Cezanne l’année de sa disparition : “Paul Cezanne devant son atelier des Lauves”, 1906, par Gertrude Osthaus © Bildarchiv Malburg (Allemagne). C’est la dernière photo que l’on connaît de lui. Gertrude Osthaus accompagnait à Aix son mari, venu acheter deux tableaux à Cezanne. J’aimerais bien savoir ce que contient le livre posé sur le perron. Ah, j’allais oublier, son bâton de marche avec lequel il arpentait la campagne aixoise, trônant devant le battant de la porte…