Cezanne 2025 (2/3)
Le Jas de Bouffan
Visite en septembre 2025
Le Jas de Bouffan .. C’est d’abord le nom d’un quartier d’Aix. Ce nom évoque sans doute la situation venteuse et surélevée d'un jas (une bergerie) qui a donné son nom à tout le quartier.
Présente à l’exposition, ci-dessus, La maison du Jas de Bouffan (vers 1874), collection particulière, reproduite sur un chevalet dans le parc.
Le Jas de Bouffan désigne également la bastide de la famille Cezanne, qui la posséda de 1859 à 1899. À l’origine c’est le père de Paul, Louis-Auguste Cezanne, ancien chapelier devenu banquier, qui acheta la propriété, qui date des années 1730-1740. À l’origine, la bastide qui était à la campagne dans un parc de 14 hectares, est aujourd’hui en ville dans un parc réduit à 5 hectares.
Ci-dessus à gauche, reproduction sur chevalet de La ferme du Jas de Bouffan (vers 1887), Collection Barnes, Philadelphie.
Ci-dessus à droite, reproduction de Marronniers et ferme au Jas de Bouffan (1884-1885), Norton Simon Art Foundation, Pasadena, Californie. Aujourd’hui, la ferme devient le siège de la société Cézanne, protectrice de son œuvre, et responsable du catalogue raisonné de l’artiste.
Ci-dessous, à gauche, Bosquet au Jas de Bouffan (vers 1876), collection particulière, et à droite, Prairie et ferme du Jas de Bouffan (vers 1885-1887), prêté à l’exposition par la National Gallery of Canada à Ottawa.
Ci-dessus, à gauche, prêté par le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, Environs du Jas de Bouffan (1885-1887). Ci-dessus, à droite, prêté par le Metropolitan Museum de New York, Le bassin et le lavoir du Jas de Bouffan (vers 1885-86).
Paul Cezanne, qui entretenait un lien fort avec cette maison de famille, y a travaillé pendant 40 ans, y faisant évoluer son art … c’était un peu son cocon, son refuge. Dans sa période impressionniste, ses toiles représentent le parc, entre 1866 et 1895, 36 huiles et 17 aquarelles. C’est donc ici qu’il a réalisé la plupart des tableaux de l’exposition du Musée Granet !
Ci-dessus, à gauche et au centre, Maison et ferme au Jas de Bouffan (vers 1887), Galerie Nationale, Prague, et à droite, Les Marronniers du Jas de Bouffan en hiver (vers 1885-1886), Minneapolis Institute of Art, Minneapolis, Minnesota. De nos jours, des immeubles ne permettent plus de voir la Sainte-Victoire, visible à l’arrière-plan du tableau, depuis le parc.
Dans sa jeunesse (il a 20 ans lorsque son père achète la propriété), il décore le grand salon de panneaux décoratifs, une douzaine en tout, entre 1860 et 1870. C’est l’époque où Cezanne rêve d’être artiste, décorateur, mais pas encore peintre. C’est une découverte récente, grâce à de nombreux sondages, qui a permis d’en savoir plus. Au musée Granet, les deux tiers des oeuvres du salon sont rassemblées pour la première fois. Ici, au Jas de Bouffan, elles sont projetées sur les murs pour que le visiteur se rende compte de l’aspect du salon un siècle et demi plus tôt. Le jeune Cezanne a rajouté des encadrements en faux acajou (ci-dessous, 6ème photo).
Le bassin près de la bastide - Photo Sylvie Lecoq
Ci-dessous, à gauche, Le bassin du Jas de Bouffan (vers 1878-1879), prêté par le Buffalo AKG Art Museum, État de New York. Et ci-dessous, à droite, une reproduction sur chevalet, Le bassin du Jas de Bouffan (vers 1876), prêté par le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Dans la bastide, il peint ses joueurs de cartes, des ouvriers agricoles travaillant dans la propriété qui acceptent de poser, entre 1890 et 1895 (voir l’article 1/3 sur l’exposition).
Dans l’atelier à l’étage, créé par son père au moment de la réfection de la toiture vers 1885, il réalise de nombreuses natures mortes et de célèbres portraits dans ce qui fut son premier atelier. Une pièce grise, qui laisse entrer une lumière homogène, exposée au nord comme presque tous les ateliers d’artistes.
Fermée depuis des années, après un gros chantier qui se poursuit, la bastide a été ouverte au public le 28 juin dernier, une occasion peu fréquente de visiter un monument historique en cours de restauration. La bastide ocre, le bassin qui scintille, les différentes nuances de vert des feuillages, le potager : les couleurs de Cezanne sont bien là, celles de la Provence, que le peintre avait dans la peau, et quelle chance de les voir !
Suite le 7 octobre…
Photo Sylvie Lecoq