Aix-en-Provence, Quartier Mazarin
Aix est l’une de mes villes préférées, j’y vais régulièrement mais je n’y guide pas, j’y emmène mes amis ; les guides-conférenciers d’Aix sont bien plus compétents que moi. J’ai eu le plaisir de suivre Frédéric Paul, Jean-Pierre Cassély, Cécile Correlou et Arthur Carlier, des passionnés. Parmi les différents quartiers aixois, j’aime la quiétude du Quartier Mazarin…
La Fontaine des Quatre-Dauphins (1667), qui par son style pourrait se trouver à Rome. Au fond de la rue Cardinale, l’église gothique Saint-Jean-de-Malte, bien antérieure à la construction du quartier Mazarin.
1646 : Michel Mazarin, frère de Jules Mazarin, cardinal et ministre d’État de Louis XIII, est autorisé à faire démolir le rempart sud de la ville pour y construire le nouveau quartier quelques semaines seulement après avoir été nommé archevêque d’Aix. Un homme d’église, mais surtout un homme d’affaires !
Son architecte Jean Lombard qui avait vécu à La Vallette aurait été inspiré par le damier de la capitale maltaise. Le quartier Mazarin est un lotissement de luxe, créé à partir du milieu du 17e siècle, pour les nobles et parlementaires aixois. Les remparts médiévaux ont laissé la place au Cours (appelé Mirabeau à partir de 1876), réservé à la noblesse, qui y paradait dans un défilé de mode et de carrosses rutilants. Le mot cours est emprunté à l’italien corso, une grande avenue bordée d’arbres, propice à la promenade : cette nouvelle voie est alors un cours à carrosses.
Le cœur du Quartier Mazarin est la place des Quatre-Dauphins, splendide, la seule place publique du quartier. A l’angle de la rue du 4 septembre, et de la rue Cardinale, l’Hôtel de Boisgelin (1660), ci-dessus, où vécurent Alain Delon et Mireille Darc.
On aimerait sonner pour pouvoir entrer dans ces hôtels particuliers, dont certains ont des jardins…
Les 32 hôtels particuliers du Cours Mirabeau côté Mazarin rivalisent de richesse et abritent de nos jours de nombreuses banques, tandis que les immeubles de l’autre côté du Cours (la vieille ville), bien moins luxueux, abritent principalement bars et brasseries : le circuit court existe depuis longtemps ici : on retire l’argent, et on traverse la rue pour le dépenser !
Un des nombreux oratoires d’Aix-en-Provence, à l’angle de la rue Roux-Alphéran. Celui-ci est dédié à la Vierge, d’autres le sont à des saints, souvent pour protéger les Aixois de la peste, des épidémies ou de la sécheresse. À Aix, on compte environ 60 oratoires et une trentaine de niches vides. On pouvait y prier tout le temps par exemple pendant les épidémies quand les églises étaient fermées.
L’escalier du Musée Arbaud, rue du 4 septembre, la rue qui depuis le Cours Mirabeau conduit à la Place des Quatre-Dauphins. Paul Arbaud était un collectionneur éclectique, installé en 1855 dans cet hôtel particulier du 18ème siècle. Livres rares, faïences provençales, tableaux de maîtres provençaux, gravures anciennes, médailles, une vraie caverne d’Ali Baba.
Outre l’Hôtel de Caumont, connu pour ses magnifiques expos, ce quartier abrite aussi, dans l’Hôtel de Gallifet, un espace privé dédié à l’art contemporain, dans ce quartier paisible, constitué principalement d’hôtels particuliers, dont Aix compte en France le plus grand nombre après Paris (environ 150 en tout, dans la vieille ville et le quartier Mazarin).
La mémoire du Cardinal Michel Mazarin est toujours présente dans ce quartier : on retrouve son titre, son prénom et son nom dans les rues parallèles Cardinale, Saint Michel et Mazarine.
Hôtel Ripert de Monclar, 35, rue Roux-Alphéran : un fragment de sarcophage chrétien, une des surprises que réserve ce quartier, quand on observe les détails de l’architecture. La rue porte le nom de l’un des principaux historiens de la ville.
Le quartier Mazarin est également lié à Paul Cézanne, qui fut étudiant au collège Mignet (à l’époque le collège royal de Bourbon) au n° 41 de la rue Cardinale ; c’est dans cette école qu’il se lia d’amitié avec Émile Zola. Cézanne venait également voir sa sœur Marie, qui habitait au n° 10 de la même rue.
Crédit Photos : P. Borsarelli.
Les Aixois ont de l’humour… Baptiser le nom de l’une des deux rues principales du quartier, construit par un archevêque, pour l’aristocratie et ses privilèges, rue du Quatre-Septembre, c’est pas mal ! On ne les compte plus les rues du 4 septembre en France : après la capitulation de Napoléon III à Sedan le 2 septembre, la date commémore la proclamation, par Léon Gambetta au Palais des Tuileries, de la IIIème République, le 4 septembre 1870 ! Mais les plaques de rue ne mentionnent jamais l’année, vu ce qu’il s’est passé ensuite avec la Commune de 1871, “année terrible 1870-1871”…