L’OVNI de Valensole
Il y a deux ou trois ans, nous décidons, avec ma petite-cousine Lorie — nous partageons le goût des voyages et de la photographie —, d’aller photographier les lavandes et les tournesols sur le Plateau de Valensole, un 4 juillet, au lever du soleil…
Arrivés vers 5h45, le bourdonnement des abeilles commence lentement, jusqu’à devenir assourdissant au fur et à mesure que la lumière solaire éclaire le célèbre plateau. Les photos de champs de lavande (ou le plus souvent, de lavandin) et de tournesols vont se succéder toute la matinée, dans des endroits sublimes.

Mais le plus surprenant, dès notre arrivée, est de tomber, au lieu-dit l’Olivol, au milieu des lavandes, sur un OVNI d’où sont descendus deux passagers venus de très loin, devant un paysan pétrifié. Nous commençons à photographier cette scène inattendue, il est 6 heures du matin, et un tracteur s’approche.
Le conducteur du tracteur nous toise, et se dit certainement : encore deux abrutis qui photographient la soucoupe volante à l’aube ; ils n’ont rien d’autre à faire à cette heure-ci les deux fadas ?
Un panneau explicatif nous donne quelques informations :
Je décide d’en savoir un peu plus. Dépendant du CNES (le Centre National d’Études Spatiales), le GEIPAN est le Groupe d’Études et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés. La France est d’ailleurs l’un des seuls pays à disposer d’une telle organisation d’État, dont les débuts remontent à 1977, et qui est rattachée à la Direction adjointe su Centre spatial de Toulouse. Sur les 3.223 cas étudiés par le GEIPAN, 27% ont été parfaitement identifiés (Cas A), 38,8% des phénomènes observés ont été probablement identifiés (cas B), 31,1 % des cas n’ont pas été identifiés par manque de données (cas C), et 3,2 % des phénomènes restent non identifiés après enquête (Cas D).
L’OVNI de Valensole est classé comme cas D. Il est un cas célèbre de rencontre du troisième type.
Un panneau représente un alien avec un trou pour la tête des touristes bêtes que nous sommes, comment résister ? Même si cela donne un côté un peu fête foraine à l’opposé du sérieux de cette affaire.
Le 1er juillet 1965 à 5h45, un lavandiculteur, M. Maurice Masse, dans son champ de lavande, entend un sifflement qui l'intrigue. Il se déplace vers un engin à “ six pattes “ posé au sol, devant lequel évoluent deux personnages, qui remontent rapidement dans leur vaisseau, lequel décolle en oblique en direction de Manosque (« Il a disparu pire qu’un éclair »). L’agriculteur découvre des traces au sol en forme d’étoile, avec un trou cylindrique au centre, sur une terre détrempée. En revenant le soir sur le site avec sa fille, il constate que la terre est devenue « dure comme du ciment ». Il en parle autour de lui, les curieux affluent et piétinent les traces. Les gendarmes auditionnent le témoin et font des relevés sur place.
Le résumé du procès-verbal établi le lendemain par la gendarmerie est intéressant (il précède des déclarations du témoin plus détaillées). Source GEIPAN :
Un article du Monde, paru le 4 juillet 1965, a mis en avant la thèse d’un hélicoptère de l’armée française en cours de manœuvres… On a parlé également d’un hélicoptère américain en mission d’espionnage : les autorités auraient préféré laisser parler d’une rencontre extraterrestre plutôt que de reconnaître l’incursion d’une puissance étrangère. En tout cas, le témoin a bien expliqué que le vaisseau avait la forme d’une grosse araignée à six pattes et qu’il savait reconnaître un hélicoptère. Le mystère de ce Roswell français reste entier. Il a fallu attendre dix ans pour que la lavande repousse à cet endroit…
Un film est consacré à cette affaire : réalisé par Dominique Filhol (sortie le 9 juillet 2025), soixante ans après les faits, avec Vaahina Giocante et Matthias van Khache. Il s’agit du premier long métrage du réalisateur, qui est l’auteur de plusieurs documentaires ufologiques, comme “OVNIS, une affaire d’États” (2020), ou “Le Bureau des OVNIS” (2021).
Tourné au moment où les lavandes sont en fleurs, Valensole 1965 montre à quel point la vie de Maurice Masse et de sa famille a été bouleversée par la médiatisation de cette affaire, d’autant plus qu’il n’a pas été pris au sérieux. Longtemps cuisiné par les gendarmes, soutenu par son épouse Jeannette, il a rencontré des dizaines de journalistes venus le voir du monde entier. Son témoignage n’a jamais changé. Marie-Claude, la fille de Maurice Masse, selon Le Dauphiné Libéré, a trouvé le film magnifique.
Crédit Photos (excepté l’affiche du film : L. Borsarelli, P. Borsarelli.