Van Gogh à Auvers-sur-Oise

Auvers-sur-Oise…. Lorsque l’on aime les tableaux de Vincent van Gogh, c’est un lieu de pèlerinage à ne pas manquer, à environ 30 km au nord-est de Paris, aux portes du Vexin. 

De nombreux touristes asiatiques font le pèlerinage à Auvers-sur-Oise, comme ici au salon de thé Le Passage.

Fermes près d’Auvers-sur-Oise, 25-26 juillet 1890, Tate Gallery, Londres, et son ciel inachevé…

Après son séjour arlésien (1888-1889) et les mois passés à l’hôpital de Saint-Paul-de-Mausole (1889-1890) près de Saint-Rémy-de-Provence, van Gogh a choisi Auvers-sur-Oise sur les conseils d’un habitant du village, le Dr. Gachet, médecin de la famille Pissarro, et grand amateur de tableaux impressionnistes. 

L’Auberge Ravoux, est toujours là, toute simple,  comme du temps de l’artiste qui y louait une chambre à l’étage, que l’on visite (un Monument historique de 7m2).

La salle de restaurant de l’Auberge Ravoux a gardé son aspect de la fin du 19e siècle…

Parti peindre dans un champ, près du village, il se tira une balle dans la poitrine (version généralement admise) et perdit connaissance. À son réveil, il trouva la force de retourner à l’auberge et s’éteignit dans sa chambre, deux jours plus tard,  dans la nuit du 28 au 29 juillet 1890. La chambre ne fut plus jamais louée par la suite. On trouva sur lui une lettre à son frère : “… Vraiment, nous ne pouvons faire parler que nos tableaux ….. Et bien, mon travail à moi, j’y risque ma vie et ma raison y a fondré à moitié…

Il n’avait que 37 ans et, incapable de rester en place, connut 38 adresses dans 4 pays, dont la France à partir de 1886.  Au cours de ses 70 derniers jours passés à Auvers, il a produit … environ 74 toiles. Une productivité acharnée. 

Il a fait toute une série représentant les champs autour d’Auvers, et une promenade à pied vous plonge directement dans ses tableaux. 

Ici Le champ de blé aux corbeaux (8 juillet 1890), Musée van Gogh, Amsterdam. “Ce sont d’immenses étendues de blé sous des ciels troublés et je ne me suis pas gêné pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême”. Lettre à Théo et Johanna van Gogh, juillet 1890. On est dans l’angoisse…

Champ de blé avec moissonneur, Auvers-sur-Oise, mi-juillet 1890. Museum of Art, Toledo, (Ohio). Pendant longtemps, on pensait que ce tableau avait été créé à Arles à cause de sa dominante jaune, inhabituelle à Auvers. Mais on reconnaît bien la silhouette de l’église et la cheminée de la fabrique d’Auvers.

En face de l’Auberge Ravoux, la mairie, représentée ici le 14 juillet 1890, quelques jours avant la disparition de l’artiste (collection particulière). 

Derrière l’auberge, Un Escalier à Auvers-sur-Oise (Art Museum, Saint Louis, Missouri) est toujours là. Ce tableau, réalisé entre fin mai et début juin 1890.

Sous-bois avec deux personnages, 20-22 juin 1890. Art Museum, Cincinnati, Ohio. La géométrie des troncs de peupliers répond à l’effervescence des fleurs et des herbes… et un couple-mystère…

Van Gogh a exprimé la peinture sur double carré de 50x50 cm comme ici Le Jardin de Daubigny, et le tableau précédent. Un hommage de Van Gogh à Daubigny, qu’il admirait. Sur les 74 tableaux peints à Auvers, 13 sont au format double carré, un choix du peintre, qui les a réalisés en un mois, du 20 juin à sa mort, comme s’il avait à l’esprit une longue frise pour une exposition ?

Van Gogh a peint le titre sur le tableau, assez rare pour le noter…

Au-dessus du village, le lieu de son dernier tableau, à cheval entre le figuratif et l’art abstrait, annonçant l’art au siècle suivant. Une sorte de lettre d’adieu en couleurs : “Racines d’arbre”, Musée Van Gogh, Amsterdam. C’est un chercheur néerlandais qui a révélé ce lieu en 2020, rue Daubigny, après recherche, à partir d’une carte postale ancienne ! Ce n’était pas facile, car le peintre a utilisé plusieurs points de vue dans un seul tableau, un peu comme le gros plan d’un photographe, presqu’abstrait, créé le 27 juillet 1890. “Ma vie à moi aussi est attaquée à la racine même”, écrivait-il quelques jours auparavant…

Pendant ses 4 dernières années en France il a réalisé environ 35 autoportraits. Celui au fond bleu (Musée d’Orsay), a été réalisé à Auvers. Le 5 juin 1890, il écrivait à son frère : “Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d’alors apparussent comme des apparitions”. 

En 1954, Adeline Ravoux, la fille de l’aubergiste, peinte à deux reprises, âgée de 13 ans, par van Gogh, rapportait : “…. Il partait à la campagne avec son chevalet et sa boîte d’artiste, toujours la pipe au bec : il allait peindre, il revenait ponctuellement, à midi, pour déjeuner. L’après-midi, il travaillait souvent sur un tableau en cours, dans la “chambre du peintre” … parfois il sortait quatre heures jusqu’au repas du soir. Après le dîner, il jouait avec ma petite sœur, lui dessinait le Marchand de sable, puis il montait immédiatement dans sa chambre. Je ne l’ai jamais vu écrire au café. Je pense qu’il écrivait le soir dans sa chambre. “ 

Van Gogh fut inhumé le lendemain dans le cimetière au-dessus du village, après un émouvant discours du Dr Gachet. Comme le curé avait refusé la cérémonie dans l’église, le recueillement fut organisé dans l’auberge. Le cercueil fut entouré de ses derniers tableaux, de dahlias jaunes et de tournesols. Son frère Theo van Gogh, marchand de tableaux, qui l’avait tant soutenu, en confident et mécène, mourut quelques mois plus tard, à 33 ans, et fut inhumé aux Pays-Bas. En 1914, Johanna, sa veuve, fit transporter ses restes à Auvers pour qu’il repose aux côtés de son frère Vincent pour l’éternité. Symbole de fraternité, le lierre recouvre leurs tombes, au milieu des blés. Il proviendrait à l’origine du jardin du Dr Gachet. 

Ici le faire-part où l’église est rayée par Theo, le curé ayant refusé d’accueillir le défunt protestant, et suicidé…

Ici l’église Notre-Dame d’Auvers, le célèbre tableau, réalisé les 4-5 juin 1890, conservé au Musée d’Orsay à Paris. 

Une palette utilisée par Van Gogh à Auvers-sur-Oise en 1890. Musée d’Orsay.

En complément : La Maison Rose à Auvers-sur-Oise

Dans le quartier des Vallées, cette jolie maison a une histoire.  En 1870, le peintre et graveur Charles-François Daubigny achète une grange, attenante à sa maison, qu’il transforme en atelier d’été. Il y peint de grandes toiles et y reçoit ses amis peintres : Corot, Daumier, Monet, Morisot, Cezanne, Pissarro,… Daubigny et ses amis y avaient créé un foyer d’artistes pour s’entraider et réfléchir ensemble. Aujourd’hui encore les artistes peuvent y travailler, résider et exposer leurs œuvres. 

Le point de vue du guide-conférencier : voir les lieux précis où des tableaux sont nés est à la fois passionnant et émouvant. J’ai pris ces photos des tableaux au Musée d’Orsay, qui consacrait une grande exposition à la dernière période de Van Gogh, celle d’Auvers-sur-Oise, en 2023. Je ne savais pas que deux ans plus tard, j’aurais l’occasion de visiter ce lieu superbe, aboutissement du pèlerinage Vincent van Gogh !

Crédit-Photos : Philippe Borsarelli (sauf mention contraire).

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