Gustave Caillebotte 1/3

La propriété familiale de Yerres

Ce peintre impressionniste, disparu il y a 131 ans, riche mécène des Impressionnistes, organisateur d’expositions, horticulteur passionné, philatéliste, architecte naval, régatier,  a représenté les personnes de son entourage dans le Paris d’Haussmann : ses frères, les ouvriers travaillant pour sa famille ou dans son quartier, ses amis régatiers, etc. Dans sa courte carrière, il a peint près de 500 tableaux, utilisé des cadrages audacieux et inventé de nouveaux points de vue. 

Le père de Gustave Caillebotte, Martial Caillebotte, avait acquis cette propriété en 1860, afin dans faire sa résidence de villégiature loin des bruits de Paris en pleine transformation. Gustave est alors âgé de 12 ans et y passe ses vacances, avec ses frères.  C’est ici qu’il a réalisé environ un tiers de ses œuvres. En 1879 à la mort de leur mère ils vendent la propriété.

C’est la Commune de Yerres, dans le Département de l’Essonne, qui en est propriétaire depuis 1973.

Le chalet suisse, l’orangerie, la glacière, la chapelle, le parc de 11 hectares, ont été restaurés entre 1996 et 2016. Et la maison a été entièrement réhabilitée en 2016-2017. Le mobilier est soit d‘origine soit prêté par le Mobilier National, ou bien acquis par le fonds de dotation Les amis de la propriété Caillebotte. La colonnade à l’italienne évoque les villas palladiennes.

La maison est remeublée comme ici la salle à manger de la famille Caillebotte, dont les murs sont ornés d‘une réédition, par la manufacture alsacienne de papiers peints Zuber, des „Jardins français“.

Ici le salon, où les dames, après les repas, se retrouvaient pour le thé ou la broderie…

Ici la salle de billard, pour les messieurs, donnant sur le parc, et la reproduction d’un tableau inachevé (Le billard, 1875, collection particulière), qui a permis de restituer le décor initial.

Dans le salon de musique, c’est le portrait de la cousine Zoé (1877) qui a permis de reconstituer le décor.

Ici la chambre de style Empire, en acajou et bronze doré, aménagée par la précédente propriétaire, avant l’achat par le père Caillebotte. Le mobilier, vendu dans les années 1960 a pu être retrouvé et racheté afin de reprendre sa place.

On a également tenté de reproduire l’atelier de Caillebotte, comme ici, au second étage. Le premier propriétaire de la maison, le cuisinier Pierre-Frédéric Borrel, avait fait construire cet atelier d’artiste. Ci-dessous, les palettes de Gustave Caillebotte.

Ici, le chalet suisse dans « Jardin à Yerres », 1876, collection particulière © Comité Caillebotte, Paris

Portraits à la campagne, 1876, musée d’art et d’histoire Baron Gérard, Bayeux.

Les Orangers, 1878, © Museum of Fine Arts, Houston (John A. and Audrey Jones Beck Collection)

Le parc de la propriété Caillebotte à Yerres, 1875, collection particulière © Brame & Lorenceau Éditions, Paris

En 1876, Claude Monet vient séjourner ici chez son ami Gustave Caillebotte. Le parc, le petit pont, les bords de la rivière, l’inspireront pour son propre jardin à Giverny…

Le legs Caillebotte

De santé fragile, il n’a pas 30 ans lorsqu’il rédige son testament en 1876 ! « Je donne à l’État les tableaux que je possède… (…) il est nécessaire qu’il s’écoule un certain temps (…) jusqu’à ce que le public, je ne dis pas comprenne, mais admette cette peinture. Ce temps peut être de vingt ans ou plus…. »

Quel visionnaire ! A sa mort, à 45 ans, en 1894, sur 68 oeuvres léguées à l’État, seulement 37 sont acceptées.

Le Musée d‘Orsay n‘existerait pas sans le legs Caillebotte, dont la collection constitue le noyau des Impressionnistes du musée, dont par exemple le célèbre Bal du Moulin de la Galette et La Balançoire d‘Auguste Renoir, Le Balcon d’Édouard Manet, La Gare St-Lazare et Le coin d’appartement de Claude Monet, Les Toits Rouges de Camille Pissarro, sans oublier Les Raboteurs de parquet.

L’ensemble des œuvres du legs Caillebotte était présenté, dans le cadre de l’exposition à Orsay en 2024, dans une des salles du parcours permanent du musée, faisant revivre l’ouverture de la « salle Caillebotte » au musée du Luxembourg en 1897. A cette époque, ce rassemblement de tableaux impressionnistes dans un musée était unique au monde. C’est grâce à la volonté de Caillebotte et sa générosité que l’Impressionnisme a enfin obtenu en France une reconnaissance officielle. Après le Musée du Luxembourg (où l’on exposait les artistes vivants), la collection est partie en 1929 au Louvre (où l’on exposait les artistes morts 10 ans après leur mort), puis au Jeu de Paume (1947) et enfin à Orsay (1986).

Le point de vue du guide-conférencier : un site impressionniste complet proche de Paris, qui mériterait d’être plus connu, car avec le potager et les bords de l’Yerres (voir mes autres articles à ce sujet), il s’agit d’un site magnifique ! Au niveau de la communication, on pourrait peut-être mettre l’accent sur le fait que c’est Gustave Caillebotte qui a transmis sa passion pour le jardinage à Claude Monet et lui a donné tant de conseils : une passion commune que l’on pourrait mettre en avant en parallèlle avec Giverny ?

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