Du Napoléon III au Louvre…

Quand on pense au style du Second Empire, c’est souvent l’Opéra de Charles Garnier à Paris, ou bien son second opéra, celui de Monte-Carlo. Mais il existe un autre lieu, moins connu, et antérieur, dont la visite réserve une belle surprise…

De passage à Paris, et souhaitant y voir du Napoléon III, je me rends au Louvre, dans l’aile Richelieu, afin de faire un voyage dans le temps. C’est Napoléon III qui a terminé ce palais, dont la construction sur plusieurs siècles a été marquée par les différents monarques français depuis le Moyen Âge. Il a réuni le Louvre aux Tuileries, les deux châteaux royaux. 

Je programme la DeLorean sur 1861…

Portrait en pied d’Eugénie de Montijo, 1857, d’après Franz Xaver Winterhalter, commandé par le ministère d’État et la Maison de l’Empereur en 1856, dépôt du Musée d’Orsay depuis 1994. Vêtue d’une robe à crinoline, l’Impératrice montre du doigt le jardin des Tuileries.

Le point de vue du guide-conférencier : Sur ce portrait, l’Impératrice porte le diadème qui a été volé au Louvre en octobre 2025. Conçu en 1853, cette œuvre inestimable est composée de 1.998 diamants, 212 perles et 992 roses, le tout monté sur argent. Le joaillier Alexandre-Gabriel Lemonnier l’avait conçu dans la capitale, cadeau de Napoléon III à Eugénie. Avant de faire partie des collections de l’État au Louvre, le diadème avait été acheté aux enchères par un joaillier en 1877, à une époque où la IIIème République avait besoin d’argent. Puis, en 1890, il fut racheté par un Prince allemand, Albert, 8ème Prince von Thurn und Taxis. En 1980, le jour du mariage du 11ème Prince von Thurn und Taxis avec une aristocrate allemande, Gloria von Schönburg-Glauchau, âgée de 34 ans de moins que son époux, le diadème fut porté par celle qui fut rapidement surnommée la princesse punk (die wilde Prinzessin Gloria) pour son train de vie extravagant. Par exemple, pour le 60ème anniversaire de son mari, elle est descendue, habillée en Marie-Antoinette, perchée sur un nuage doré fixé à une tyrolienne, au milieu de leurs invités. À la mort de son mari, en 1992, afin de rembourser les dettes qu’il lui avait laissées, elle met le diadème en vente, et c’est la Société des Amis du Louvre qui parvient à la racheter.

Lemonnier est également le créateur de la couronne impériale d’Eugénie, qui a été retrouvée endommagée… C’est lui, dit-on, qui a lancé la Place Vendôme comme l’endroit où les grands joailliers parisiens ont développé leurs ateliers

Portrait en pied de Napoléon III, vers 1857, d’après Franz Xaver Winterhalter, commandé par le ministère d’État et la Maison de l’Empereur en 1856, entré au Louvre en 1934. Ce sont les images officielles de l’Empereur et de l’Impératrice, les plus diffusées par de nombreuses copies. Les tableaux originaux de Winterhalter (1853) ont certainement brûlé dans l’incendie du Palais des Tuileries du 23 au 26 mai 1871.

C’est l’Empereur qui a fait construire cette aile jusqu’en 1857.  La décoration intérieure a été réalisée de 1857 à 1861 afin d’y abriter le ministère d’État, et non pour y résider puisque l’Empereur habitait juste à côté au Palais des Tuileries. Le décor est intact depuis le Second Empire. Au premier étage côté Cour Napoléon, le ministre et sa famille logeaient dans de petits appartements, tandis que les grands appartements étaient utilisés pour des réceptions.

Quel luxe ! Quel faste ! Des dorures, de grands portraits, de l’or, du marbre,  du velours, des tentures rouge cramoisi, une surabondance d’ornements, c’est somptueux ! Il faut en mettre plein la vue ! 

Voilà donc le style Second Empire, inspiré par le faste du style Louis XIV, que Napoléon III admirait, avant l’Opéra Garnier (achevé en 1875). Cela nous permet d’imaginer le luxe du Palais des Tuileries aujourd’hui disparu. 

Pendant longtemps on a critiqué ce style, parlant de haute confiserie ou d’horreur du vide. Mais aujourd’hui on apprécie plutôt la qualité des artistes qui ont travaillé à cette époque. 

Je me dis que j’ai de la chance, car le public n’avait pas accès à ce lieu incroyable pendant plus d’un siècle ! 

Ces lieux ont été occupés par le Ministère des Finances de la chute de l’Empereur  jusqu’au déménagement à Bercy en 1989. L’ancien ministère Rue de Rivoli avait brûlé en 1871 pendant la Commune. 

Le grand salon, restauré en 2017,  est éblouissant. On y a donné de grandes fêtes, un élément bien connu de l’art de vivre pendant le Second Empire pour la haute société. Ainsi c’est un bal masqué qui a marqué l’inauguration de ces appartements ! On pouvait le transformer en théâtre pour 265 spectateurs. Le lustre en cristal de Baccarat en jette ! 

Les fauteuils à deux places inversées sont appelés confidents, tandis que ceux à trois places sont des indiscrets

La grande salle à manger pouvait accueillir 40 convives autour de la table.

LOUVRE COUTURE…

Yohji Yamamoto, collection prêt-à-porter, printemps été 2015-2016.

L’été dernier, dans cette partie du plus grand musée du monde, les appartements Napoléon III et l’ensemble de l’aile Richelieu ont été le cadre d’une exposition de silhouettes et accessoires de mode de 1961 à 2025, provenant de maisons de couture françaises et d’autres pays. 

Syntopia, par Iris van Herpen, créatrice néerlandaise, 2018-2019, de l’organza découpé au laser, sur une structure de coton et de mylar, très étonnant, qui’il faudrait voir sur un mannequin en mouvement…

Jean-Paul Gaultier, 2008-2009, la robe est en dessous de la structure en osier, incroyable, très Second Empire!

Robe en moire brodée et velours façonné Dior haute couture automne-hiver 2004-2005, John Galliano. On se croirait chez Sissi Impératrice.

Robe de Giambattista Valli (Jean-Paul Gautier), 2018-2019

Robe, par le styliste géorgien Demna, pour Balenciaga, Collection prêt à porter printemps/été 2020, une robe à crinoline en velours contrecollé, qui hésite entre une inspiration du Second Empire et une sorte de corps flottant…

Crédit Photos : P. Borsarelli - visite en août 2025.

La vasque olympique dans le Jardin des Tuileries, et le Grand Palais tout au fond.

 
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