Les voyages extraordinaires de Jules Verne sont passés par Antibes

Une troupe de théâtre de 75 comédiens, qui tournent, dans un mécanisme artistique sans grain de sable, pour faire vivre au public une belle expérience immersive, dans les salles de l‘ hôtel particulier Lebrun, terminé en 1701, le „Grand hôtel des rêves“, dans le 5ème arrondissement de Paris.

Plusieurs Jules Verne jeune, âgé, son imprimeur Pierre-Jules Hetzel, Phileas Fogg, George Sand, le photographe Nadar, Thomas Edison, les petits groupes de spectateurs passent d’une salle à l’autre sans se rendre compte de la complexité de cette machine bien huilée. Les 8 grands décors sont superbes : l’imprimerie de l’éditeur, le sous-marin du capitaine Nemo, le stand de Thomas Edison à l‘exposition universelle de Paris en 1889, jusqu’à la surprise finale. Dans les décors , des détails incroyables, beaucoup de photographies prises par Nadar. Sublime voyage dans le passé, dans lequel Jules Verne accompagne ses personnages.

Tout cela m‘a rappelé des lectures de jeunesse et fait réfléchir à cet auteur, né à Nantes en 1828 et mort à Amiens en 1905.

Son côté visionnaire étonne encore de nos jours. Témoin des grandes inventions de son temps, en particulier l’électricité, Il a imaginé une société dans laquelle il est possible de voyager dans le monde entier, le sous-marin Nautilus, la plate-forme volante Albatros, le téléphone qui transmet le son et l’image, et le voyage dans l’espace !

1860 : il écrit Paris au XXème siècle, dont l’action se situe en 1960, refusé par son éditeur, et publié seulement en 1994.  Il y décrit une société dans laquelle l‘homme est dominé par la machine, et le profit, d‘une manière assez pessimiste, sans art, sans artistes. L‘Art ne peut être que technique.

1865 : parution du roman De la Terre à la Lune

1869 : parution de la suite Autour de la Lune 

1889 : Thomas Edison est présent avec sa lampe à incandescence, inventée dix ans plus tôt, et son célèbre phonographe, à l’exposition universelle de Paris, pour sa première visite en France.

1969 : 80 ans plus tard, la mission Apollo 11 réalise son voyage vers la Lune, comme l’avait prédit Jules Verne : décollage de Floride, amerrissage dans l’océan.

Jules Verne, visionnaire

Ce sont les artilleurs qui sont à l’origine de l’exploration spatiale : dans le roman, les canons de la Guerre de Sécession aux USA, dans la réalité, les ingénieurs allemands qui avaient mis au point les premiers missiles intercontinentaux à la fin de la Seconde guerre mondiale et qui ont été récupérés par la NASA : une origine militaire.

Pour Jules Verne, ce sont bien des Américains qui envoient 3 hommes sur la Lune, grâce au canon Columbiad. En hommage à Jules Verne, le module de commande d‘Apollo 11 s’appelait Columbia, un nom connu des Américains, l‘alter ego de l‘Oncle Sam. Le héros du roman, Michel Ardan, est l’anagramme de Nadar…

Le voyage Terre-Lune dure environ 97 heures dans le roman, 102 heures pour Apollo 11.

Le wagon-projectile du roman est en aluminium, matériau nouveau à l’époque, comme le module de commande des missions Apollo. La forme du wagon-projectile ressemble à celle du module de commande.

Il part de Floride (Tampa), à seulement 225 km du site de Cape Canaveral un siècle plus tard.

Dans le roman et dans la réalité les vaisseaux amerrissent dans le Pacifique où ils sont récupérés par un navire américain.

Enfin Jules Verne avait dit à son petit-fils Jean-Jules Verne (1892-1980) qu’il verrait des hommes aller sur la Lune. En 1969, le petit-fils rencontre l’astronaute Frank Borman à l’hôtel de Crillon. Borman lui offre un cadre dans lequel figure un dessin montrant comment le vaisseau est récupéré dans le Pacifique tel qu’imaginé par Jules Verne et une photo de la cabine d‘Apollo 8 récupérée dans le Pacifique par le porte-avion américain Yorktown.

Ci-dessous, l’amerrissage du vaisseau dans le roman de Jules Verne (1869), le splashdown d’Apollo 8 (1968), et Jean Verne, arrière-petit-fils de Jules Verne, qui a fait don au musée Jules Verne de Nantes le cadre offert à son père par Frank Borman.

Quand on pense que seulement 66 années séparent le premier vol en avion des frères Wright et la première mission lunaire !

Crédit Photos : P. Borsarelli (sauf les illustrations des romans de Jules Verne et les photos d’Apollo 8).

Jules Verne au Cap d’Antibes

L’auteur de Vingt mille lieues sous les mers a séjourné à plusieurs reprises au Cap d’Antibes, alors qu’il était déjà célèbre, dans une villa qui existe toujours, à proximité de l’Hôtel du Cap Eden Roc, boulevard J.F. Kennedy. Les Chênes Verts, c’est le nom de cette villa, qui avait été construite en 1866 par Adolphe d’Ennery, dramaturge et auteur du mélo qui a tant fait pleurer le public parisien de l’époque, Les Deux Orphelines, son œuvre la plus connue. Il fut l’un des premiers résidents du Cap d’Antibes en hiver, et il était un ami de Jean Hippolyte Auguste de Villemessant, fondateur du quotidien Le Figaro, qui fit construire une maison de santé pour artistes et écrivains, la Villa Soleil, devenue depuis l’hôtel mondialement célèbre cité plus haut. Ci-dessous, la villa telle qu’elle se présente de nos jours (Crédit-Photos Sylvie Lecoq).

Les deux auteurs ont travaillé ensemble à la transposition au théâtre de certaines oeuvres de Jules Verne, dont Le tour du monde en quatre-vingt jours et Michel Strogoff.

Dans une lettre à son éditeur Hetzel, Jules Verne écrit : une magnifique maison… De ma fenêtre je vois toute la côte depuis le golfe Juan… Du bleu partout, en haut, en bas, et du vert à revendre…

En 1875, il y a travaillé à l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant. Mais Jules Verne n’appréciait ni la maîtresse de son hôte, ni leurs scènes de ménage, ni leurs invités, et n’a eu de cesse que de quitter Antibes.

Dans une lettre à son éditeur, il écrit : “Quand vous êtes à Monaco, vous, vous êtes libre, vous êtes en vacances. Quand je suis à Antibes, moi, je suis dans les mois les plus pénibles de mon année...".

Source des citations : Correspondance inédite de Jules Verne et de Pierre-Jules Hetzel, par Olivier Dumas, Piero Gondolo della Riva et Volker Dehs, Editions Slatkine, Genève, 2001.

Le point de vue du guide-conférencier : Jules Verne avait-il un téléphone mobile ? En tout cas, la villa où il a séjourné à Antibes permet d’évoquer cet écrivain français dont le nom évoque immédiatement quelque chose à toutes les nationalités, un écrivain universel, auteur de 62 romans regroupés sous le titre général des Voyages Extraordinaires. Il a éclipsé les romans historiques avec ses romans géographiques. Connu de son vivant, ce maître du roman d’aventures est toujours lu de nos jours, plus d’un siècle après sa disparition.

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