Marc Chagall à Saint-Paul-de-Vence
Marc Chagall, l’un des plus grands artistes du 20ème siècle, né en Biélorussie (son nom de naissance est Moïche Zakharovitch Chagalov), devenu Français, a passé les dernières années de son existence à Saint-Paul-de-Vence, de 1966 à 1985. Pendant ces 19 ans, il a souvent peint le village, et l’Amour, inspiré par la lumière du midi, comme tant d’autres peintres.
Pendant la Seconde guerre mondiale, il s’était exilé aux États-Unis, alors que les nazis confisquaient ses toiles chez les galeristes et les collectionneurs, le classant parmi les artistes dégénérés, pas seulement pour son art, mais parce que Juif. Après la guerre, il revient en Europe et vit à Vence, près de la chapelle Matisse, jusqu’en 1965, avant de s’installer, l’année suivante, à Saint-Paul, avec son épouse Vava.
Leur propriété, La Colline, chemin des Gardettes, tout près de la Fondation Maeght, construite selon leurs souhaits, sur la colline dominant le village, était à la fois une maison et un grand atelier pourvu de plusieurs espaces : pour dessiner, pour graver, pour sculpter et pour peindre. Marc Chagall y a beaucoup travaillé, au milieu de ses crayons, pastels, couleurs, pinceaux et chevalets, en particulier sur la conception de son musée, le premier musée national français consacré à un artiste encore en vie, inauguré en 1973 à Nice : la peinture, bien sûr, mais aussi la mosaïque, la tapisserie et les vitraux (ceux de l’Art Institute de Chicago, par exemple).
Il crée également plus de 1.100 lithographies chez des professionnels français et suisses, et des céramiques chez Madoura à Vallauris. Dans certaines galeries de Saint-Paul, comme ci-dessous, on trouve encore des lithographies en vente, signées par le maître.
En participant à la création de la Fondation Maeght, en 1964, il crée sa mosaïque des Amoureux, dédiée au couple fondateur Marguerite et Aimé Maeght. À leur demande, il réalise son plus grand tableau par les dimensions (4x3m), La Vie, pour leur plus grande salle, à l’époque. Il a alors 77 ans et représente les images de sa vie et de son itinéraire artistique : autour du soleil, des figures flottantes, le couple de mariés sous un dais, Moïse, un rabbin, des artistes de cirque, des musiciens, des animaux et Paris !
Quand on prend le joli chemin de Sainte-Claire qui conduit du village à la Fondation Maeght, on peut admirer trois reproductions d’œuvres placées en surplomb du village représenté par Chagall.
Enseigne de La Colombe d’Or par Jean-Michel Folon
Joan Miró, Marc Chagall et Jacques Prévert à La Colombe d’Or (crédit-photo Yoyo Maeght / Pinterest à confirmer)
À Saint-Paul, il a fréquenté l’auberge de La Colombe d’Or, et cotoyé les artistes qui y venaient, comme Prévert, Miró, Picasso et Matisse. Il aimait aussi le Café de la Place…
En contrebas du village, sur le mur de l’école maternelle, une mosaïque, réalisée à partir d’une lithographie de Chagall un an après sa disparition par Heidi Melano, Le Fleuve vert, avec le sourire d’un enfant.
Marc Chagall, décédé à 98 ans, repose dans le cimetière du village. Un ange est gravé sur sa tombe, qui est également celle de son épouse Valentina (Vava) et de son beau-frère Michel Brodsky. Dans la tradition juive, plus durables que les fleurs, les cailloux posés sur une tombe honorent la mémoire des défunts et commémorent leur existence pour les générations à venir. Certains souhaitent également, par ce geste, que l’âme du défunt reste dans ce monde, en paix. A chaque prise de vue, selon les saisons, le nombre de cailloux change, leur décor aussi :
Une œuvre de Chagall se reconnaît au premier regard, par ses couleurs, son mouvement, et les thèmes représentés : sa terre natale, les communautés juives persécutées, la religion juive, l’ancien testament, la musique, l’amour, les animaux, le cirque, les fleurs, et les lieux qu’il a le plus aimés, Paris, Vence, et Saint-Paul-de-Vence.
Crédit-photos Philippe Borsarelli.
S’il y avait dans mes tableaux un endroit où se cacher, je m’y glisserais. Marc Chagall.